À mille kilomètres du pôle Nord, en Norvège, sur la petite île de Spitzberg, une « réserve mondiale des semences » a été construite pour conserver les variétés de graines menacées de disparition. Au cas où…
Écoutez Yolaine de la Bigne derrière le micro de Sud Radio ! Retrouvez-la chaque matin à 6h10 et 7h22 du lundi au vendredi, dans « Quelle époque éthique », une chronique à télécharger :
Version audio :
Version écrite :
Sur l’île glacée de Spitzberg, en Norvège, se trouve en effet une drôle de caverne cadenassée qui contient de simples graines végétales, enfermées par millions dans des caisses. Japon, Bosnie-Herzégovine, Burundi, Pérou… : l’identité des pays donateurs permet de faire un tour du monde virtuel. Ce projet un peu fou de rassembler en un même lieu tout ce que l’agriculture a produit depuis des milliers d’années a été lancé au début des années 2000, à l’initiative du gouvernement norvégien. Une centaine de pays venait de signer le Tirpaa, traité international sur les ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture. Dans la foulée était créé le Global Crop Diversity Trust, une organisation internationale qui met en œuvre le projet. Ouverte en 2008, la réserve de Spitzberg accueille les échantillons de 968 espèces : environ 150 000 variétés de riz, 140 000 de blé, 70 000 d’orge… Soit, au total, 541 millions de graines qui ne sont, pour la plupart, plus cultivées.
Dans quel but, fait-on tous ces efforts pour préserver de simples graines ?
Conserver tout ce qui existe est devenue une priorité. Avec l’augmentation de la population mondiale et le réchauffement climatique, il faudra produire plus, avec moins de terres arables et d’eau. Or, avec le développement de l’agriculture, près de 3 variétés de plantes cultivées sur 4 auraient disparu depuis un siècle. Il faut donc préserver ce qui peut encore l’être, y compris les variétés anciennes menacées de disparition. Il existe environ 1 500 banques de gènes nationales dans le monde, auxquelles s’ajoutent des collections internationales, notamment celles gérées par la Banque mondiale et la FAO. Mais la qualité de conservation est inégale et les accidents sont possibles. Ainsi la banque des Philippines a été partiellement détruite par un typhon en 2006, puis a brûlé en 2012, perdant une partie de sa collection lit-on dans La Croix.) La « Réserve mondiale » a donc été construite dans un lieu hors de tout danger, hors de toute zone sismique et à l’abri de toute montée des eaux, 130 mètres en surplomb de la mer du Groenland. Une sorte d’arche Noé des graines, à l’abri des appétits des Monsanto et autres industriels. Au cas où…