Un peu de poésie pour démarrer ce week-end ensoleillé !
L’élastique et le téléviseur
Un élastique un rien flétri
Par le grand nombre de ses usages
Jouissait d’un moment d’accalmie
Sur la commode d’un vieux ménage.
Troublant son bon repos
Et rompant sa quiétude,
Un téléviseur aux traits sûrs et beaux
Imposa l’interlude.
Pardonnez-moi de contrarier ce doux répit
Dit-il en toute bonne courtoisie,
Mais un doute me taraude depuis la matinée.
Je me demande à quoi bon vous servez ?
L’élastique un peu surpris énonça sa version :
J’ai en ce logis pas une mais mille fonctions.
Je suis et ne suis fait que d’une seule qualité,
Que de mon nom j’embrasse, l’élasticité.
Je tends donc, j’étreins, je rapproche et je sers,
Je peux être une ficelle ou un petit ruban
Et quand la fantaisie réveille les enfants
Je deviens une arme, grave comme un lance-pierre.
Que de piètres usages ! s’indigna la télé.
Je diffuse des programmes de la planète entière,
Je peux même faire revoir ce qu’on loupait hier
Et le tout, s’il vous plaît, en très haute qualité.
Il me semble d’ailleurs que nos propriétaires
Ont déboursé le sou pour jouir de ma lumière.
Je ne sais plus vraiment la valeur de mon prix
Mais je suis sûr d’une chose, ils m’ont pris à crédit.
Alors que l’écran plat n’eut pu finir son blâme
Il se vit approcher par ses chers crédités.
On le transbahuta sans grande humanité,
Il dépassa la porte et fit rencontre infâme.
Il croisait, là, sur le seuil de son habitat
Ce qui paraissait être un grand écran plasma.
Au fil des jours suivants laissé sur un trottoir
On arracha son fil et ses boutons poussoir
Et bien que l’élastique n’eut plus toute sa jeunesse
Il servit bien longtemps dans son petit deux-pièces.