Tourné dans la vallée de Cauca en Colombie, le film du réalisateur César Acevedo, Caméra d’or à Cannes 2015, montre les ravages de la canne à sucre qui tue le sol et met les paysans à genoux. Belles images et fortes émotions !
Ecoutez Yolaine de la Bigne derrière le micro de Sud Radio ! Retrouvez-la chaque matin du lundi au vendredi, dans « Un monde plus vert », une chronique rediffusée à 17h27 et à écouter sur notre webradio tous les jours à 9h45, 13h30, 15h45 et 19h45 !
Ecoutez la chronique de Yolaine de la Bigne :
Version écrite de la chronique :
Ce mercredi sort « La Terre et l’Ombre », le premier film du réalisateur colombien César Acevedo, sur la vie des petits paysans au royaume de la canne à sucre.
C’est l’histoire émouvante d’Alfonso qui revient au pays qu’il a quitté il y a bien longtemps. Il retrouve sa maison, autrefois au milieu des arbres et des orangers, aujourd’hui perdue au milieu d’immenses champs de cannes à sucre. Il vient au chevet de son fils mourant, ses poumons malades à cause de la culture des brûlis. Alfonso découvre un paysage apocalyptique avec de la cendre qui tombe du ciel à force de brûler un sol dévasté. Les paysans n’ont plus de fermes et doivent travailler dans des conditions déplorables, pour l’industrie de la canne à sucre
Un film très émouvant qui a plu au jury du festival de Cannes. Il lui a attribué la Caméra d’or.
La présidente du jury, Sabine Azéma, a d’ailleurs dit « nous avons vu 26 premiers films et avons trouvé notre trèfle à 4 feuilles dans un champ de canne à sucre ». Ce film est très bien réalisé avec de belles images, une atmosphère étouffante, d’excellents acteurs dont seuls 2 sont des professionnels et beaucoup d’émotions. D’autant que César Acevedo tourne une histoire autobiographique avec la mort de ses parents. Il a aussi filmé dans sa région natale, la vallée de Cauca, qui est ravagée par la culture de la canne à sucre avec ces pluies de fumée, qui sont très impressionnantes.
A quoi sert cette canne à sucre ? A fabriquer des biocarburants ?
Oui, c’est de l’éthanol pour l’exportation avec une demande qui explose depuis les années 2000. On pensait cette solution formidable pour remplacer le pétrole mais elle s’avère dramatique. La canne à sucre demande 4 mois d’irrigation continue par an. Or ce sont des pays où l’on manque déjà beaucoup d’eau. Du coup, pour y pallier, l’agro-industrie locale passe au-delà des lois et se permet d’assécher des marais, par exemple. Aujourd’hui on pense à des biocarburants moins polluants à partir de déchets ménagers ou d’algues. Heureusement, car ce film est un témoignage vivant que la canne à sucre ce n’est vraiment pas la bonne solution !
Cette chronique a été diffusée le 3 février sur Sud Radio en partenariat avec ENGIE acteur de la transition énergétique