« Instrument du diable », outil dangereux, caprice esthétique… La fourchette, aujourd’hui consubstantielle aux tables occidentales, n’a pas toujours fait l’unanimité ! Née au sein de l’Empire Byzantin, elle gagnera la Cour du roi de France en 1574 et sera peu à peu régularisée, jusqu’à devenir un instrument de référence. Avec l’émergence récente du « finger food » (qui se mange donc sans ustensiles), le plaisir simple de manger avec ses doigts quelque soit le plat revient à la mode. Zoom sur quelques restaurants qui proposent ce retour aux sources.

La cuisine éthiopienne, grande favorite
La plupart des restaurants qui invitent à manger sans couverts proposent des recettes issues des traditions éthiopiennes. « Notre couvert, c’est notre galette », déclare fièrement les responsables d’une de ces tables. Cette cuisine se prête particulièrement bien à l’idée de manger en n’utilisant que ses dix doigts, puisque l’injera, sorte de crêpe moelleuse, sert à la fois d’assiette et d’outil. Au Menelik, dans le 17ème arrondissement parisien, on mange les plats en sauce en s’aidant de cette galette et en se servant dans le plat commun ! Même chose à Bordeaux, à l’Adey Abeba, où l’assiette commune est disposée au fond d’une corbeille multicolore couverte d’une cloche. L’idée a fait son chemin jusqu’à l’autre côté de l’Atlantique ; le Nil Bleu, fameux restaurant montréalais, fonctionne de la même façon. Le petit plus ? Ce dernier propose même des plats éthiopiens traditionnels… Et végétariens !

Le bar à grignotage, plaisir pour les doigts, les papilles et l’estomac
Ne vous fiez pas à son nom modeste : le bar à grignotage, un concept inventé par un couple de trentenaire avignonnais et le chef Valentin Escudier pour leur restaurant L’Amuse Bouche, qui propose des plats copieux. S’ils ne refuseront pas, bien sûr, de vous apporter fourchette et couteau si vous le demandez gentiment, la cuisine est conçue pour être mangée avec les doigts ; s’y essayer le temps d’un repas entre amis ne peut être qu’amusant ! Côté hygiène, une serviette humide et une petite pastille dans un verre d’eau satisferont les plus tatillons.

Le mélange des saveurs toulousain, pour picorer généreusement
Même si son nom laisse présager du contraire, le Picotin est loin d’être un petit restaurant où l’on se contente de picorer : en témoigne « l’orgie gauloise », ce plat composé de cinq viandes différentes qui figure au menu. L’amuse-bouche et l’entrée qui la précèdent sont aussi consistants, même s’ils viennent d’autre coins de la France et d’ailleurs : on trouve des spécialités lyonnaises, des tapas… Toujours à manger avec comme seul outil vos dix doigts, bien entendu ! Une table appréciée à Toulouse.
Les voisins des Éthiopiens mangent aussi avec leurs mains…
La cuisine érythréenne fait aussi honneur aux plus anciens outils de l’Humanité. Au restaurant Massawa, au cœur du 10ème arrondissement parisien, on peut goûter à ces spécialités traditionnelles, originales et délicieuses dans un cadre décoré d’objets africains. Même principe que dans les restaurants susmentionnés : la tablée partage un seul plateau dans lequel tout le monde pioche, avec ou sans l’aide des galettes mises à disposition !
